(Une radio peut s’entendre de façon très lointaine)

Bonjour les amis, bienvenue à bord de la Suzel ! Faites comme chez vous, installez-vous à la table, Michel est dans la timonerie, il attend les instructions pour le passage de l‘ascenseur. Ça fait quelque chose de se dire que c’est la dernière fois, même si je dois reconnaître que j’ai plutôt hâte de passer cette nouvelle écluse dont tout le monde parle.

Nous en avons vécu des histoires le long du canal de Neuffossé ces 20 dernières années. Après la guerre, le travail ne manquait pas pour les bateliers et nous avons très vite pu acheter notre propre péniche. Quel plaisir pour Michel d’être capitaine de son bateau comme il le rêvait depuis qu’il était enfant. Il raconte souvent ces moments de partage avec son père qui le laissait monter sur ses genoux derrière le macaron et avec qui il apprenait le nom des oiseaux croisés au cours de leurs voyages.

Nous aussi nous aimerions voir nos enfants reprendre ce métier que nous aimons tant mais rien n‘est moins sûr, les temps changent et les conditions de travail pour les mariniers sont de plus en plus difficiles. C’est un mode de vie exigeant qui demande beaucoup de sacrifices, c’est vrai, mais pour rien au monde nous ne quitterions notre Suzel. Mais j’y pense, peut être que vous aussi vous voudriez profiter de cette dernière manœuvre de notre bon vieil ascenseur ? Je vous propose de vous diriger vers l’avant de la péniche, la vue promet d’être imprenable. De mon côté, je vais monter rejoindre mon mari qui a besoin de mon assistance dans la timonerie. Merci encore d’être venus, bonne journée !

Merci Thérèse pour cet accueil si chaleureux, et oui, ce dernier passage de l’ascenseur, ce n’est pas rien ! Il faut dire qu’il aura marqué son temps et été témoin de l’écriture d’une page de l’histoire de la batellerie. La batellerie... Un univers unique et fascinant, la liberté bien sûr mais aussi les risques du métier et les difficultés du quotidien.

(Chansons issues du répertoire de la batellerie)